mercredi 22 juin 2011

GROUPE ET INSTITUTION

    Pour Hegel, l'institution c'est quand la conscience individuelle de l'homme entre dans un rapport dialectique avec les autres, conscience individuelle pour former et instituer des liens sociaux, des règles, des valeurs.
Nos institutions sociales et de santé, disposent de critères éthiques, comme par exemple la dispense des biens à la personne (guérison, pédagogie...), mais n'est ce pas aussi pour uniformiser le sujet et faire taire le sujet singulier, le sujet désirant ?
Freud énonce la naissance de l'organisation du groupe et de la vie sociale à partir du mythe de la horde primitive "totem et tabou". Un père jouisseur et tout puissant possède toutes les femmes et en prive ses fils qui sont castrés.Les fils se révoltent, tuent le père et pour éviter que cela recommence, passent un pacte de non agression avec des lois, des interdits,des tabous, des échanges réglés. Dans "Moïse et le Monothéisme", Freud aborde la question de la place d'exception du père.
Lacan reprend à son compte la place d'exception, il parle de l'au moins un, cette figure paternelle consistante, qui occupe une place différente, permettant que se constitue sur son modèle mais à distance, le groupe. Pour Lacan il faut qu'il y ait Un, à l'extérieur pour que le groupe et l'universel existe.
On retrouve cette répartition entre l'exception, le groupe, l'universel et le sujet désirant dans le schéma de Lacan sur la sexuation "séminaire Encore". La partie gauche dite côté Homme, est celle qui inclut le phallus, représenté par l'au moins Un, le père, le leader.
L'au moins Un, on l'a vu, permet de définir l'universel, la classe des hommes soumis à la loi, l'interdit, au langage universel, au pacte, donc à la castration. La jouissance de ce côté là est dite phallique, car partielle, axée sur l'organe (pénis comme phallus imaginaire), contrôlée par l'oedipe et l'identification à la loi paternelle.

L'institution et l'organisation sexuelle:
A la différence de "l'objet a"qui est un réel, le phallus est un signifiant.
L'imaginaire crée  la présence par la représentation du + du pénis du père et du - par l' absence chez la mère.
La symbolisation s'opère sur ce jeu de présence/absence, le phallus devient le signifiant du désir (de complétude), du manque (bouche le manque)
Quand le père désire, il apparaît castré, de même l'Autre est barré quand il désire.Le signifiant phallique introduit donc la sexualité à la castration. le phallus vient à la place de la jouissance absolue à la mère, et par le père et l'oedipe vient à être imaginairement représenté par le pénis.
Le garçon face à la castration maternelle, se réfugie du côté de son groupe universel de porteurs (phallus)-------> camaraderie, clubs virils, casernes...Chez la fille pas de menace de castration, elle constate que dans son groupe personne n'est non affectée par l'absence de phallus. Il n'y a pas pour elle d'exception qui permettrait de faire groupe, universel. Elle se situe dans un pas tout, où les différences ne sont qu'individuelles, pas hiérarchisées dans le groupe, sans exception, sans hiérarchie, donc d'égale à égale, d'un à un. Dans ce groupe il n'y a que des singularités.
Désirer pour l'homme c'est manquer de "l'objet a" qu'il va chercher du côté femme, en faisant d'une femme l'objet cause de son désir (le corps de la femme représente" l'objet a" perdu pour l'homme). Pour la femme il y a toujours  un risque d'angoisse car, elle peut se sentir trop enfermée dans la jouissance absolue des objets a sollicités par l'homme, ce qui la ramène au lien du réel avec sa mère. De fait la femme angoisse d'être confrontée à cet objet a pour l'homme, ce qui la confronte à son réel. Pour elle,il y a nécessité de désirer (manquer, désirer ailleurs, le phallus, soit sortir du réel de son corps). Dans son désir, elle quête l'objet réel sur le corps de l'homme (pénis). Cela dit, elle n'est pas toute concernée par l'objet phallique. le ? du tableau, "que veut une femme". Une jouissance féminine en + échappe à l'homme (jouissance Autre) dont la femme elle même ne sait rien mais qu'elle éprouve.
Il n'y a pas d'identé homme ou femme selon l'anatomie, mais selon l'inscription de chacun, de sa jouissance par rapport à la fonction phallique.
L'homme s' inscrit dans la fonction phallique en échappant à la castration (se situe du côté D du tableau sur la sexuation), en se rangeant du côté de l'universel des porteurs du phallus imaginaire. Il se soumet de fait à l'au moins Un qui lui, n'est pas castré (et représente le phallus symbolique et imaginaire).
L'homme en tuant le père, se soumet à la loi,à  l'interdit et ne pourra plus que jouir partiellement par l'organe.
La femme a accès à la jouissance phallique mais aussi à la jouissance supplémentaire de l'éprouvé, celle du corps, du réel, et non plus le seul organe.
Cette jouissance dite Autre par lacan, supplémentaire ramène la femme à une jouissance réelle, première d'avec la mère, d'où angoisse++ face au risque de régression de régression.
L'homme se rassure d'être un homme à partir de l'appropriation phallique (d'une femme, d'une belle voiture), car le phallus il ne l'a jamais, sinon qu'imaginairement, pénis, femme,belle voiture). Son angoisse de castration l'amène à trouver des substituts dont la perte signifierait sa castration(d'unefemme, d'une belle voiture, du pénis, de titres, d' argent). Cela dit il y a toujours une hystérique pour le remettre devant l'angoisse de la perte et le solliciter sur le côté du désir.
La femme fait face à la castration en allant chercher la valence phallique du côté phallus de l'homme. Elle peut aussi se dévoue à l'Autre jouissance, à l'absolue (c'est le cas du,de la  mystique), de même elle peut  se faire "objet a" pour l'homme avec l'angoisse et le risque cités ci-dessus. 

Un homme qui s'inscrit côté pas tout phallique (côté D du tableau) choisit son partenaire côté tout phallique, position qui le pousse à se féminiser.
Biensûr un  homme quui se situe du  côté tout phallique (partie G), en tant que désirant, choisit son partenaire en le réduisant à "l'objet a", cause de son désir.
Rappel: jouissance phallique = jouissance limitée par l'oedipe, la loi du père, la castration, le langage.
Jouissance Autre = jouissance absolue non barrée par le langage, la loi, dans l'éprouvé du corps.
Universel: La classe des mammifères ne se fonde pas sur la totalité des vertébrés qui possèdent des mamelles, mais sur l'exclusion d'un vertébré qui n'en possède pas. Il faut isolé un trait: "mame" celui qui en a et un manque, celui qui n'a pas (+/-).
De l'autre côté du schéma, partie droite, partie dite de la femme, il n'y a pas au moins Un qui fasse exception à la castration (les femmes sont toutes dépourvues du phallus imaginaires), elles n'ont pas à subir la castration et n'ont pas à se ranger dans l'universel de la femme, ou classe de femmes, elles se définissent au un par un, dans la singularité.
Bien évidemment Lacan parle de genre sexuel et non d'anatomie. Que l'on soit de sexe masculin ou féminin, on peut se caser d'un côté ou d'un autre du schéma, selon que l'on se situe du côté de l'ensemble, du phallique ou du pas tout phallique. Soit donc du côté de la castration et de la jouissance phallique limitée, soit du côté de la jouissance absolue du corps et de la pulsion, jouissance Autre dit lacan.
Les 2 parties communiquent, l'homme désire le féminin partie droite, il fait des "objets a" de la femme, l'objet cause de son désir. De même la femme pour phallisiser son désir, échapper à cette jouissance Autre qui l'angoisse, va désirer le phallus côté homme.
Chez Lacan c'est la logique de l'exception qui fonde la règle.
Dans la famille si l'au moins un, le père, prend trop de place, il il obture la question de la féminité.
Les hommes qui rentrent dans un universel sont tous les mêmes, sauf celui qui fait exception.
Don juan côté exception à la loi, la norme, côté D, femme, veut jouïr au delà de la loi, n'obéïssant à rien, ni à pers.

L'institution du langage:
S1-S2, les signifiants de la chaîne parlée . Celui qui parle du lieu de l'autorité parle de S1, du lieu où ça commande et où ça commence. S2 place de celui qui est commandé, qui écoute, non pas une obéissance, mais un consentement (à l'universel). Donc on ne peut parler des 2 places à la fois, on parle soit de S1 soit de S2. S (barré), c'est le sujet qui parle en se référant à S2, qui a perdu le S1 originaire.
S1 place du chef qui commande
S2 celui qui est à cette place peut ou non consentir, mais l'un et l'autre occupent la même scène et sont solidaires.
Pour Lacan c'est le langage qui permet de passer du singulier (babil, S1) au collectif (S2,langue commune, sa grammaire, ses règles). Le collectif n'arrivera jamais complètement à ce que le sensible passe dans le dicible. Il y a possibilité pour le collectif de positionner le 1/3, le moins possible en référence au phallus et qui laisse la place le + possible au pas tout phallique, c'est à dire qui laisse la place d'exception se faire la moins prégnante possible, sans pour autant la dénier. Donc des projets qui se font sous la responsabilité des uns, avec le moins d'appel possible à la place d'exception, chacun assurant la part de verticalité qui lui revient (son autorité).

L'organisation des groupes dans l'institution:
- Groupe horizontal ( Qui fonctionne dans le registre imaginaire, petit autre, demande d'amour, de mêmeté
- Groupe vertical dans le registre symbolique (phallus, hiérarchie, moins Un de l'exception), là relation n'étant pas fondée sur le regard mais le pacte et la reconnaissance mutuelle.
Les femmes ne font pas universel "(La Femme n'existe pas").
La castration c'est faire qu'il n'y ait pas rapport sexuel, qu'il faille en passer par un signifiant: le phallus, comme le représentant du désir. Entre les sexes c'est le phallus qui régule l'économie du désir entre les êtres.
La jouissance langagière (phallique) qui implique la castration, c'est à dire, les mots sur la chose, produit la demande, et le désir par l'aliénation de l'être à l'Autre.
Le rapport à l'autre sexe n'est pas spontané (d'emblée dans la satisfaction). Impossible de faire un entre un homme et une femme, il y a toujours une séparation avec au centre, le phallus.
Il y a 2 possibilités de lieu social:
- Soit, comme font les hommes entre eux (constitution de l'exception et donc de l'universel) (tous et l'au moins un), partie G du schéma
- Soit comme les femmes, sans moins un de l'exception, collectif de uns, de singularité, (pas de tout, pas de classe de femmes, des femmes unes par unes), partie D du schéma.(démocratisation).
Avec la mort de Dieu (et des dictatures!) c'est la fin de l'au moins Un, la fin du silence et de la marginalisation de la partie D. La partie D communique maintenant avec la partie G.
En 1789, c'était la fin de l'au moins Un, fin d'une organisation sociale qui se tenait à gauche du tableau et qui ne laissait au féminin que le silence. Le féminin côté D est la figure de l'altérité, de la différence, de la singularité, du réel, du pas tout.

L'organisation patriarcale du groupe:
Le père unifie,rassemble, fait la loi.
La femme singularise, désire, est dans le réel, Autre jouissance.
 
Le risque si la partie G (du tableau de la sexuation) disparaît, c'est que disparaisse le monde de l'incomplétude ( disparition de  l'au moins Un, de la référence au phallus) dans ce cas les individus du groupe rangés uniquement côté D , vont se retrouver sans au moins Un, au un par un, sans se  regroupés derriere l'Un, leader, la jouissance étant celle de l'autosuffisance, de la complètude hors castration.
Parler, c'est consentir à parler comme les autres (S2). Mais la mise en place solidaire de la partie G et D, solidarise le singulier et le collectif, elle les articule, relie l'exception, l'universel (la loi, la norme) au singulier qui n'autorise pas la totalisation (particulier).
Les 2 parties (G/D) sont nécessaires, l'au moins Un marque l'incomplétude, les différences et fait émerger le singulier. Il faudra donc l'exception du père pour que se définisse le singulier du féminin.
Le féminin est le paradigme du singulier, qui échappe à la totalisation, modèle de la singularité qui s'excepte de l'ensemble.
L'image (imaginaire) permet de mettre en scène l'illusion d'une présence pleine (présence du pénis). L'absence de pénis troue l'image et le mythe de la présence pleine.
C'est le phallus comme signifiant du désir (de l'avoir ou de l'être), qui vient représenter le non vide.
Le langage frappe d'inexistence l'objet satisfaisant.
Côté G, il s'agit de se servir du père, alors que côté D, il s'agit de s'en passer.
Une institution où les sujets peuvent se passer du père, est celle où les sujets arrivent à inventer leur propre voie, mais à condition de garantir le groupe et l'exception (" on peut se passer du père à condition de s'en servir" dit Lacan). Moins commander, plutôt arbitrer. Dans un groupe où la singularité est forte, où la légimité de l'au moins Un existe. Eviter le grégaire, la massification (Que la partie D). La responsabilité passe par le un par un et n'est pas totalement dévoulue au -Un. Pour cela il faut que la place d'exception soit reconnue par les uns par uns. Que chacun participe au projet, y contribue de sa place particulière et responsable. Le collectif fonctionne (place de l'au moins un) mais la singularité est reconnue, les différentes places aussi.

Exposé fait en janvier 2010 par Dominique Cuny

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